vendredi 20 juin 2008

الإسلام بريء مما تدعون

L’excision pourrait disparaître complètement en Egypte. Militants, médecins, fonctionnaires égyptiens ou étrangers y croient, et se réjouissent d’un rapport du ministère de la Santé publié le 26 novembre dernier: 50% des jeunes filles égyptiennes âgées de 10 à 18 ans seraient excisées. C’est encore beaucoup, mais cela signifie pourtant que, chez les plus jeunes, l’excision décroît. «Je suis optimiste», déclare Marie Assad, pionnière du combat contre l’excision contre laquelle elle lutte depuis 1979.
En 2003, le rapport intérimaire sur la démographie et la santé (DHS) recensait 97% de femmes mariées excisées. L’un des taux les plus élevés parmi les 28 pays africains, qui, de la Somalie au Sénégal, pratiquent différentes formes de mutilation génitale féminine–de l’ablation du clitoris à l’infibulation, la fermeture totale du vagin. En Egypte prédomine l’excision dite «de type II», à savoir l’amputation totale ou partielle du clitoris, voire des petites lèvres. Toujours selon le rapport, 90% des filles excisées subiraient l’opération entre l’âge de 5 et 14 ans.
L’excision est constitutive de l’identité sexuelle des filles et des femmes égyptiennes: elle marque leur passage à la puberté, préserve leur honneur, et celui de leur famille. «Dans mon village, les filles qui ne sont pas excisées se marient plus difficilement, témoigne Racha, 17 ans, originaire de la région de Minya. C’est un signe de moralité: une fille non excisée a mauvaise réputation.» L’excision est censée préserver la virginité des jeunes filles, et la fidélité, voire la fécondité des femmes mariées. Elle est également réputée «embellir» la jeune fille, la parer pour le plaisir de l’homme. «S’il n’est pas coupé, le clitoris augmente, il peut devenir comme une trompe d’éléphant», croit-on savoir. Et puis, «c’est une tradition chez nous, c’est comme ça», selon un commercant originaire de Haute-Egypte.

Mais la survivance de la tradition constitue aussi un lourd tribut à payer. Médecin, écrivaine, et féministe avant tout, Nawal El-Saadawi n’a pas oublié. Elle témoigne dans La Face cachée d’Eve (1977) de la terreur qui s’empara d’elle, de la douleur, de la haine envers sa mère qui l’a livrée à ce «massacre» à l‘âge de 6 ans.

Marwa, elle, ne veut pas se souvenir. Elle a été excisée vers 9ans, par deux femmes, dont l’une était presque aveugle, au rasoir. Marwa n’a pas voulu exciser ses filles: «Je les ai bien élevées, c’est suffisant pour qu’elles fassent un bon mariage.» Pour elle, l’excision «n’est pas islamique». Ce n’est pas l’avis de ses voisins de ce quartier populaire du nord du Caire, pour qui «le Prophète n’a pas interdit l’excision, ce n’est pas interdit». Le Prophète aurait en effet fait une recommandation à une exciseuse: «Lorsque tu effectues une excision, garde-toi bien d'enlever tout le clitoris. » Le hadith est faible, selon une majorité de spécialistes. De plus, aucune sourate du Coran ne mentionne cette pratique.

Par ailleurs, cheikh Tantawi, grand imam d’El-Azhar, ainsi que des Frères musulmans, ont révélé que leurs filles n’avaient pas été excisées. «Si l’excision avait été obligatoire, on l’aurait imposée aux nouvelles converties, comme c’est le cas pour la circoncision masculine», ajoute Ali, prédicateur yéménite. Mahmoud Chaltout, ancien imam d'El-Azhar, a rappelé l’interdiction de faire souffrir une créature vivante, sauf dans le cas où le bénéfice qu'elle en tirerait dépasserait le mal qui lui serait fait.

Dans le dialecte égyptien, le mot khitan désigne indifféremment la circoncision des garçons et l’excision des filles. Or, cette dernière n’est pas une «circoncision des filles» (khitan al banat). Elle n’a aucune signification religieuse, aucun caractère obligatoire. La puritaine Arabie Saoudite, comme la plupart des pays arabo-­musulmans, ne la pratiquent pas. Les églises chrétiennes, d’Egypte ou d’ailleurs, ne la recommandent pas davantage.

Contrairement aux idées reçues, il ne s’agit pas non plus d’une coutume pharaonique. Les recherches effectuées par Marie Assad en 1979 montrent que l’excision remonterait en fait aux Ptolémées, soit durant les trois derniers siècles avant le début de l’ère chrétienne. Pratique élitiste, liée aux cultes du Nil, source de fécondité, elle se serait répandue, et enracinée.

Aujourd’hui, l’excision est aussi synonyme de pauvreté, d’illettrisme. Le taux de prévalence dépasse 99% chez femmes les plus pauvres, les moins éduquées, celles vivant à la campagne ou dans le sud de l’Egypte, selon l’enquête DHS de 2003. Selon celle du ministère de la Santé publiée en novembre dernier, 62% des filles entre 10 et 18 ans vivant en zone rurale sont excisées, 86% dans la région de Louxor, 46% des filles en zones urbaines, 18% au Caire. Le rejet de l’excision croît avec l’éducation.

«Les filles et les femmes ne savent pas le prix à payer», observe Ferdaws El-Bahnassi, engagée auprès d’associations féministes. Lors des débats qu’elle organise, elle constate que «la plupart des gens, hommes et femmes, prennent conscience qu’ils avaient de fausses informations sur l’excision». On n’en parle pas aux petites filles, la plupart d’entre elles ne réalisent pas: «Certaines s’imaginent qu’il s’agit d’une fête en leur honneur», poursuit-elle. Les femmes évoquent peu un traumatisme enfoui. Les parents pensent agir pour le bien de leur fille.

Mais les dégâts de l’excision peuvent être lourds : à la douleur d’une opération souvent réalisée sans anesthésie s’ajoutent les hémorragies –parfois mortelles– causées par la blessure, des dommages osseux, des infections, des blessures de l’appareil génital, occasionnellement sources de stérilité, ou des problèmes urinaires pouvant perdurer bien après l’opération. «Les femmes ne relient pas toujours ces problèmes à l’excision», note Hamid Abdallah, spécialiste de médecine reproductive à l’hôpital universitaire du Caire.

Des études suggèrent que nombre de femmes excisées vivent un véritable syndrome post-traumatique: insomnies, perte d’appétit, troubles de l’humeur, difficultés à se concentrer. «Elles peuvent perdre confiance en elles-mêmes, en leurs parents qui ont laissé se perpétrer l’opération, en les autres, détester leur corps, leur sexe, se sentir sales, d’autant que l’excision a lieu aux alentours de la puberté, soit au moment où l’on prend conscience de sa sexualité », constate Hamid Abdallah.

Selon Hérodote :

Lorsque Hérodote raconte ce que lui ont dit les barbares chez lesquels il a voyagé, il raconte des sottises; et c’est ce que font la plupart de nos voyageurs: aussi n’exige-t-il pas qu’on le croie, quand il parle de l’aventure de Gigès et de Candaule; d’Arion, porté sur un dauphin et de l’oracle consulté pour savoir ce que faisait Crésus, qui répondit qu’il faisait cuire alors une tortue dans un pot couvert; et du cheval de Darius, qui, ayant henni le premier de tous, déclara son maître roi et de cent autres fables propres à amuser des enfants, et à être compilées par des rhéteurs; mais quand il parle de ce qu’il a vu, des coutumes des peuples qu’il a examinées, de leurs antiquités qu’il a consultées, il parle alors à des hommes.

« Il semble, dit-il au livre d’Euterpe, que les habitants de la Colchide sont originaires d’Égypte: j’en juge par moi-même plutôt que par ouï-dire, car j’ai trouvé qu’en Colchide on se souvenait bien plus des anciens Égyptiens qu’on ne se ressouvenait des anciennes coutumes de Colchos en Égypte.
« Ces habitants des bords du Pont-Euxin prétendaient être une colonie établie par Sésostris; pour moi, je le conjecturerais non seulement parce qu’ils sont basanés, et qu’ils ont les cheveux frisés, mais parce que les peuples de Colchide, d’Égypte et d’Éthiopie, sont les seuls sur la terre qui se sont fait circoncire de tout temps: car les Phéniciens, et ceux de la Palestine, avouent qu’ils ont pris la circoncision des Égyptiens. Les Syriens qui habitent aujourd’hui sur les rivages du Thermodon et de Pathenie, et les Macrons leurs voisins, avouent qu’il n’y a pas longtemps qu’ils se sont conformés à cette coutume d’Égypte; c’est par là principalement qu’ils sont reconnus pour Égyptiens d’origine.

« A l’égard de l’Éthiopie et de l’Égypte, comme cette cérémonie est très ancienne chez ces deux nations, je ne saurais dire qui des deux tient la circoncision de l’autre: il est toutefois vraisemblable que les Éthiopiens la prirent des Égyptiens comme, au contraire, les Phéniciens ont aboli l’usage de circoncire les enfants nouveau-nés, depuis qu’ils ont eu plus de commerce avec les Grecs. »




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